entre la Pentecôte et la Saint-Jean

 Entre la Pentecôte et la Saint-Jean


À  la période  du solstice d'été,  nous cheminons    sur les hauteurs dorées   de
l'année. La terre a terminé  sa grande  expiration. Elle a grandi au-delà d'elle-
même.   Elle est devenue  si grande  que  son âme  n'est plus seulement  ici,  en
bas, sur terre, mais en   haut dans les cieux. Nous,  les hommes,     pendant  le
sommeil  et ensuite également   dans la mort, nous  grandissons  par delà   notre
maison terrestre et sortons d'elle : la terre, lorsque l'été est à son apogée, fait de
même  : elle atteint son  sommet  ; elle entre en contact avec le Père de l'univers.
Comme     un   manteau, elle porte l'esprit du Père tout autour de son corps.   À
la période  opposée de l'année, quand    nous ne parlons plus du plein été,  mais
du plein hiver, du  p/usprofond de l'hiver, la terre a repris de nouveau son  âme
dans   une grande inspiration; elle se trouve totalement  en elle-même  et il lui
faut recevoir des hauteurs lointaines la bénédiction  de Dieu le Père. Au   coeur
de l'hiver, nous avons  donc de ce fait sur terre la matière tissée d'esprit, l'esprit
dans la  matière. L'été, lorsque le soleil est au plus haut, nous  avons l'esprit
tissé de matière, la matière terrestre emportée vers les hauteurs  de l'esprit.
Le grand  fauteur de  trouble, aujourd'hui, c'est l'homme:   il œuvre pour    que
la terre ne  puisse plus   comme  autrefois accomplir  sur   un  mode divin   son
inspiration et  son expiration. Il était autrefois un être cosmique  et était  en
accord  avec la  respiration de la terre. Lorsqu'en été, la terre qui grandissait
dépassait ses   propres limites,    emportant son   âme, l'homme     épousait  ce
mouvement.    Il tombait  en extase. Les  coutumes liées au  solstice, pratiquées
sur les   sommets des collines, autour  du feu,  exprimaient la sortie  extatique
de l'âme    humaine en cette saison.
Earchétype   de     l'homme en accord total  avec la marche  du  grand   univers,
au rythme    duquel il vivait et respirait, était incarné en un personnage : Jean
Baptiste. Il était le plus grand, celui dont la maturité était la plus accomplie,
dans   l'ancienne   humanité au destin défini par un  corps. Car si le jour de sa
naissance  était fixé au moment du solstice d'été,  cela signifie que sa gestation
dans le corps   maternel avait été accompagnée    par le soleil montant  et   que
son être était ainsi déterminé par la croissance cosmique. Il était toujours plus



                                      121

grand  que  ce que  l'on percevait de sa forme  humaine avec des yeux  physiques.
Par l'attitude de  son âme, il était en permanence   en cet état de plein été dan,
lequel   l'âme est  en contact avec  le ciel et dans lequel l'être humain   porte
l'esprit du  Père « à l'entour de son corps ».  Ceux auxquels parlait  le Baptist
avaient   donc devant  eux  un être énigmatique  et  puissant. Jean, quintessen
de  l'ancienne humanité    avec ses  dimensions  cosmiques,   portait en lui  une,
disposition  à l'extase. En ce sens, il se tenait en polarité avec Jésus de Nazareth,
né  au   moment  du solstice d'hiver. Il vint au monde dans l'étable de  Bethléem
un  petit garçon  dont la gestation  dans le corps maternel s'était passée avec le_
déclin du soleil, la période où la vie de la terre se retirait en elle-même. Mais de
ce  fait il était l'être humain qui devait incarner de la façon la plus archétypaie
la plus  pure, l'autre principe cosmique   : celui selon lequel l'homme terrestre
peut se faire le réceptacle d'un être supérieur qui vient y établir sa demeure. Jean
l'ancien homme       cosmique, incarne le  principe  du ravissement, de l'extase,
Jésus  de Nazareth, le  nouvel homme  terrestre, incarne  l'homme   qui  est petit, -
mais peut   devenir grand s'il accueille en son « je » humain le « je » du Christ,
Jean  Baptiste fut à double titre le dernier grand prophète. Il savait que l'ancien
monde   s'achevait, que l'être humain,   après le plein été, cessait de croitre et
commençait     en  revanche  à se dessécher  en lui-même    et à se rabougrir.  I
voyait sombrer   cette proximité  de Dieu  et du ciel qui avait encore été offerte,
par nature à l'ancienne   humanité.  Et il  formula en ces termes la prophétie  d
malheur  qu'il avait devant les yeux  : « Déjà la  cognée est mise à la racine dei
arbres». Il voit déjà tomber l'Arbre du monde.  Mais il sait également  que vient
maintenant     quelque chose d'autre : il est en   même  temps le prophète  de ce
qui est tout proche,  la nouvelle vie  messianique. Il sait que l'ancien principe
cosmique  de l'extase, des dons de  la nature doit faire place au nouveau principe
cosmique   qui apparait  avec le Christ, la faculté de croitre engendrée par  une
nouvelle  idée de Dieu au plus profond  de  l'être humain. C'est pourquoi  il dit
« Il faut que je  diminue», lui qui  porte  par nature le pouvoir  de  croissance
« Il faut qu'Il croisse» : celui qui ne porte pas en lui par nature le principe de
la  croissance naturelle.  Dès lors, les feux de joie du solstice au sommet   dei
collines devinrent  un feu  de sacrifice. Le feu de l'extase devenait le signe dit,
feu dans lequel  brule l'ancien Adam,  afin que  puisse grandir le nouvel Adarn;,



                                       122

Mais  la fête chrétienne  de la   Saint-Jean reste à créer. Nous restons   encore
trop   facilement figés dans l'ancienne  ambiance   du   solstice d'été. Un jour,
la fête  chrétienne de  la Saint-Jean sera une  grande fête qui   nous élèvera et
nous   reconduira à des  dimensions   cosmiques.  Mais    nous devons   pour cela
commencer    tout à fait humblement.  Réfléchissons au  fait qu'aujourd'hui — par
suite des différentes réformes  du calendrier — le destin fait que  la Saint-Jean
ait lieu le 24 juin, quelques jours après le solstice d'été qui, il y a deux-mille
ans, était  tombé aussi le 24 juin. Si l'on fête aujourd'hui le jour traditionnel
de la Saint-Jean, ce n'est plus la culmination  de l'année  que l'on célèbre ; on
est plutôt déjà entré dans la période où les hauteurs    cosmiques     commencent
à s'effacer. Et comme le centre de la fête de la Saint-Jean, le 24 juin, n'est pas
un jour  férié officiel, si bien que la fête ne peut être célébrée que le dimanche
qui suit la Saint-Jean, la distance qui la sépare de la véritable apogée du soleil
d'été s'accroit encore.  Précisément  pour la fête de la Saint-Jean, il est  donc
particulièrement  important  de considérer  qu'il s'agit d'un temps de fête et non
d'un  jour de fête. L'éclat de l'autel blanc nous accompagne    pendant    quatre
semaines entières,  mais celles-ci  appartiennent déjà à la branche   descendante
de l'année.  Nous sommes  déjà dans le « mouvement    de décroissance », quittant
le sommet    pour nous   approcher à nouveau  des vallées  et des dépressions  de
notre existence. Si nous voulons à notre   époque renouveler   la fête de la Saint-
Jean  ou même    la fonder véritablement,    nous ne  devons  pas être  tentés de
conclure trop rapidement   que  la Saint-Jean, fête de la nature libre, est une fête
qui rend au  christianisme son  caractère cosmique.   La fête qui a cette qualité
est celle de l'Ascension, car nous contemplons    là l'entité christique qui se lie
au cosmos    tout entier. La fête de la Saint-Jean coïncide certes avec  l'apogée
du    déploiement cosmique,   mais son sens, sa  signification profonde,  est  un
congé adressé à  la simple nature, un retournement    vers le calme à l'intérieur
de l'être humain.     Comment devons-nous    comprendre  cela ?


Dans  les semaines  du temps de la Saint-Jean, nous laissons agir sur nous toutes
les scènes dans lesquelles la figure de Jean Baptiste se tient devant nous.    Un
véritable   drame se déroule alors, avec ses nombreux    moments    cruciaux, ses
séquences  tragiques. Il nous suffit de regarder brièvement  le déroulement    de



                                      123

la  première des  «Trois années  ». Le 6 janvier, Jean baptisa dans le Jourdain ,1
celui en  qui cet acte, à la différence des autres baptisés, ne provoqua pas une'
extase  : en lui s'accomplit au contraire pour la première fois la grande entrée
du  « je » du Christ en un  être humain.   Ce fut Jean lui-même   qui assura la
transition  de l'ancien principe cosmique   vers le   nouveau.   Ordinairement,
lorsqu'il immergeait    ceux qui lui    demandaient le baptême   dans l'eau  du
Jourdain, ii  provoquait en  eux ce  qui se passait de toute façon en   l'homme
de  façon naturelle, du moins au  sommet   de l'été : une sortie hors de l'étroite
demeure.  Mais  en celui qu'il baptisa alors, survint  l'immense miracle:  dans
l'âme grande  ouverte de Jésus de Nazareth entra le Christ   lui-même, le grand
esprit solaire qui prit alors forme    humaine. Celui  qui était le plus  grand
représentant  de l'ancienne   humanité passa le relai à une nouvelle époque  de
l'histoire du  monde. Il aide   lui-même le Nouveau à faire son  entrée. Il peut
prendre   congé de l'ancienne   grandeur qui s'était incarnée en lui. Il ne lui est ,
pas attaché. Traversant un point zéro, une humanité   patiente peut   désormais
trouver le chemin  vers une  grandeur nouvelle.
C'est dans le cercle qui entourait  Jean Baptiste que Jésus de Nazareth,  après
le   baptême dans  le  Jourdain, trouva ses premiers  disciples. Ils avaient été
auparavant  disciples du Baptiste. Celui-ci est encore  au premier   plan, mais
bientôt commence    la grande marche   vers le sacrifice; le destin qui se déploie
alors  signe avec violence  devant le  monde  le sacrifice que Jean   accomplit
intérieurement.  Le  Baptiste est jeté en prison et ne peut plus continuer  son
oeuvre  avec son énergie supranaturelle.   Ceux qui étaient ses élèves doivent-
ils  maintenant  prendre sa place ? Jésus lui  même se  montre encore  réservé.
Mais, à la Pentecôte de la   même année, il appelle comme  nouveaux   disciples
ceux  qui s'étaient déjà liés à lui lorsqu'il était auprès de Jean Baptiste. Il se
constitue une  communauté    qui se prépare à ce qui va venir. Vient ensuite la
grande   ombre tragique qui  s'abat sur la scène du drame : le 29 aout —  selon
la tradition — Jean est décapité, et l'effroyable plat portant sa tête est apporté
dans  la salle où festoie Hérode. Ce fut le signal exhortant à s'engager désormais
dans  des voies nouvelles.  Nous avons  souvent répété que la nouvelle  mission
ne se déploya pas     immédiatement avec une pleine intensité. Jésus envoie ses
disciples deux par deux dans  le  monde. Lui-même   se fait silencieux. Pendant

six mois, les disciples parcourent les routes et font l'expérience d'un miracle.
Ils rencontrent  Jean Baptiste qui, victime  de ses ennemis sur le plan de  son
existence terrestre, est devenu désormais leur perpétuel   compagnon de  voyage
et leur protecteur, l'Ange  au-dessus de leurs têtes, l'être qui les réunit en une
communauté     véritable. Le germe d'une   communauté sacerdotale chrétienne, et
à  terme d'une Église chrétienne, se forme à travers les expériences des disciples
à cette époque, avant qu'ils ne reviennent vers le Christ. Eévènement  que nous
connaissons  sous le nom de  « Multiplication des  pains » manifeste clairement
que  Jean Baptiste est devenu   l'Ange  qui  couvre de  ses ailes puissantes la
communauté     naissante ; le charme merveilleux de la     communauté se répand
prophétiquement   sur les   hommes de l'avenir. Cela ne concerne pas  seulement
le cercle des disciples; les « cinq mille» sont l'image de cette humanité future,
qu'unira ce   nouveau principe de   communauté.  Jean Baptiste a préparé la voie
à cet Autre qui put ainsi s'engager dans l'incorporation terrestre au moment du
baptême   dans le Jourdain. Il demeure toujours son précurseur. Si des   hommes
accueillent le Christ en  leur âme, une nouvelle croissance  peut prendre   son
essor.   L'homme  dont le « je » s'est recroquevillé, réduit, accueille en lui la
semence  de la nouvelle grandeur.  Un jour, parce que les hommes    apprendront
à se dépasser eux-mêmes   en  puisant à la source du Christ   demeurant en eux,
l'ancienne   grandeur johannique   ressuscitera de façon nouvelle.  Mais  il ne
s'agira pas d'une grandeur   purement personnelle. Les   fondements d'un  degré
intermédiaire  seront jetés  tout d'abord  dans  l'humanité   par la possibilité
pour l'être humain   de grandir  dans une authentique      communauté d'esprit.
Le  nouveau    cosmos n'est pas achevé d'emblée pour l'homme  ; c'est dans  une
nouvelle     communauté   humaine qu'en nait le germe.
Le  mystère des « Trois années  »  se déploie. Et lorsque les  années 31 et  32
sont passées et qu'au printemps    33 l'heure décisive du Golgotha est arrivée,
que s'est déroulé  le mystère  de la mort et de  la résurrection du Christ, il a
été implanté dans les profondeurs  de la terre la possibilité d'accueillir en elles
une   nouvelle élévation céleste. Les extraordinaires  rencontres des disciples
avec le  Ressuscité  atteignent  leur point  culminant    quarante  jours après
Pâques,   avec l'évènement  de l'Ascension.  Le  Christ étend son existence, il
commence   à croitre. Maintenant    s'accomplit la parole de Jean: « Ilfaut qu'Il

croisse ». L'Ascension  est l'entrée et la croissance de l'entité christique  dan
tout    l'environnement terrestre  cosmique.   Et lorsque désormais  les   hommeg,
accueillent le Christ  en eux, ils ont de ce fait la possibilité de se dépasser eux..
mêmes    et redevenir des     hommes cosmiques.
Après   l'Ascension, vient tout d'abord   la Pentecôte. Il se forme alors dans  les
disciples, par leur amour  pour le Christ, par leur douleur de le perdre, par leurs
efforts ardents de rester  proches de  lui, un  nouveau centre du « je ». Le « je »
supérieur   qui brille comme   une flamme   parce que le Christ demeure   en eux,
est en  chacun le centre à partir duquel  peut grandir la sphère christique. Mais
ensuite, dès le matin  de la Pentecôte, les disciples firent cette autre expérience :
avec  ce «  je » devenu une   entité nouvelle, ce «  je » de Pentecôte, arrive le
premier  souffle   annonciateur de la communauté.      Lorsque le «je » supérieur
s'éveille en l'être humain, l'accord est là, que l'on se connaisse personnellement
ou   non ; partout  sur le globe, on est un membre    de Son corps. Le  dôme   de
l'Église véritable étend sa voute au-dessus de tous  ceux qui offrent en leur âme
un   espace au « je » véritable, en ressentant en eux la puissance  salvatrice du
Christ.  Le pressentiment   de cette dimension   nouvelle embrassant  le   monde,
joint à l'éveil d'une nouvelle force au  centre de leur être propre, suscite chez
les disciples  au matin  de la Pentecôte  enthousiasme   et  assurance, dans  une
grande   conscience  missionnaire. Ils sentent que  l'Esprit  saint leur donne la
force de ne pas  penser à eux, mais d'agir dans le monde pour   une grande  cause
globale. La mission  apostolique  de tout chrétien commence    en cette heure-là.


Si  nous avons suivi depuis   Noël la  montée  de la vie de la terre et si, dans le
plein    déploiement du   printemps, le jour de la fête de l'Ascension, jaillissant
telle  une fleur de la joie pascale, nous   avons pressenti le   nouveau   cosmos
engendré   par le Christ, la fête de la Pentecôte nous   porte finalement vers le
solstice d'été, au zénith de l'année. Il est bon de penser dès la Pentecôte à Jean
Baptiste, à celui qui  ouvre la voie au  Christ.  Comment    devons-nous   suivre
désormais   les pas  du Christ ?  Ce sont ceux  qui   nous   mènent de    l'homme
individuel  empli  d'esprit à la grâce de la communauté     emplie d'esprit. Jean
Baptiste est le génie protecteur de la communauté    en devenir. On    comprendra
à l'avenir pourquoi  la fête de la Saint-Jean suit souvent de très près celle de la



                                       126

Pentecôte. Plus  nous  réussirons à faire des fêtes chrétiennes des actes culturels,
au lieu de  nous contenter de  leur associer de belles idées, c'est-à-dire plus nous
saurons ,les célébrer avec des   formes d'où   émane une    atmosphère plus forte
que toutes les  sensations apportées par le sport et autres divertissements, plus
nous   deviendra  familier le merveilleux accord  de l'Ascension, de la Pentecôte
et de la Saint-Jean.
Ascension :  le Ressuscité transsubstantie l'ancien  cosmos en se liant à lui, en
faisant un nouveau     cosmos.
Pentecôte : l'homme    qui ressent en  lui la présence du Ressuscité  acquiert la
faculté de se lier au  nouveau  cosmos. Le mystère de la  nouvelle     communauté
qui flotte au-dessus de lui est pour lui le    commencement du nouveau    cosmos.
Saint-Jean : Jean Baptiste, l'homme    de l'ancien  cosmos, génie  protecteur  de
la communauté,     conduit cette dernière vers le   nouveau cosmos.
Le  Christ est entré  dans l'orbe de la terre. L'homme   trouve en lui, centre et
germe   de Pentecôte, le « je » empli et béni par le Christ. Et le génie au-dessus
de nos  têtes, qui protège et fortifie le germe du Christ  en nous, déploie  déjà
ses ailes. En faisant l'expérience sous son égide du miracle de la    communauté,
il devient  pour nous le point de passage pour   renouer une alliance fraternelle
avec le cosmos,  avec toute la création, avec la  Terre, le Soleil, la Lune et les
étoiles. Alors le christianisme prend sa véritable  envergure; il cesse d'être une
affaire privée anodine  à côté de la vie culturelle : il deviendra plutôt la réalité
vraiment   décisive,  même si, loin des statistiques, des grands nombres   et des
succès  extérieurs, il continue de vivre dans la discrétion.
D'année    en année,  nous devons  nous efforcer  de profiter de plus  en plus de
ce temps  de  la Saint-Jean  pour  en extraire les richesses et le rendre fécond.
Nous      commençons ce travail  lorsque nous    découvrons la proximité  de  ces
deux  paroles : celle de  Paul : « Non pas  moi,  mais  Christ en moi  », et celle
de Jean  Baptiste : « Il faut qu'Il croisse et que je diminue  ». Non  pas   moi,
Christ  en  moi, et, tandis que le Christ grandit en  nous, il nous offre, si nous
ouvrons  un espace à cette croissance par une attitude d'abnégation intérieure, la
dimension  de la véritable communauté   et, par delà, d'une nouvelle   atmosphère
cosmique.  Dans  la mesure où   l'homme a perdu  le lien avec le cosmos, il trouble
le  rythme des  saisons et ne  sait même  pas   que c'est lui qui chaotise  tout.



                                       127

Mais  dans la mesure   où les mystères  du Christ grandissent  en nos  âmes et
dans  nos    communautés, s'opèrera non seulement   la guérison de ce qui nous
tourmente  et nous soucie personnellement, mais également celle du cosmos.  Ce
sera une  médecine pour le monde  qui s'élèvera de nos autels, un remède contre
les influences destructrices et pathogènes émanant de l'homme, auxquelles sont
exposées  aujourd'hui toutes les créatures, mais surtout  l'homme lui-même.






























                                     128