l'Ascension

    VII.

                    Les   Mystères de l'Ascension

 1. L'Ascension  en tant qu'indication  de  la participation du Christ
           à l'existence  de l'âme  humaine  après  la mort

    "Je suis le chemin, la  vérité et la vie" - ces  paroles du Christ
Jésus   rendent de   façon   étonnamment    précise  l'essence de  Ses
entretiens   de quarante  jours.   Dans  le  sens  de  tout  ce qui  a
été  dit plus haut, on  peut les   Comprendre  de la  façon suivante :
le  Christ y   indique  que  Lui-même,   grâce   au  Mystère  du  Gol-
gotha,  devient  le   chemin menant   vers la  cognition  de la vérité
concernant   la   mort,  qui  dans  son  aspect   présent  n'est  rien
d'autre  que    l'image du   Père,  Porteur  et   Donneur  des  forces
macrocosmiques     de vie.   Pénétrer   dans Son    Royaume,  dans  le
Royaume    de   la Vie universelle  supérieure,   n'est possible  pour
l'homme   qu'à  travers l'imprégnation   de soi-même  par  l'impulsion
du  Christ,  ou, ce  qui   revient au   même,  à  travers la  prise du
chemin    menant   vers le   vécu   du "In   Christo   morimur",  vers
le  vécu  de  la  vérité  du  fait  suivant, que  dans le  Christ,  la
mort    elle-même    devient vie.   - Et  cet   enseignement,    donné
par  le Christ  à  Ses  disciples au cours  des  quarante  jours après
Sa  Résurrection    d'entre  les  morts, Il  l'acheva par  ceci, qu'il
le  leur  manifesta   devant  leur  propre   regard  sous l'aspect  de
la  vivante  imagination  dans  la  scène  de  l'Ascension.  Car  dans
l'Ascension,  le  Christ,    directement devant  le   regard spirituel
des apôtres,   a  élevé le   microcosme, la  forme   humaine spiritua-
lisée (les   corps  physique  et  éthérique),  dans  le    Macrocosme,
montrant   par  cela  leur   lien  réciproque  et   leur  concordance,
qui  furent  déjà   depuis   longtemps   perdus  dans  l'humanité   de
par  le règne,  qui s'y établit, de l'image  mensongère   de  la mort.
    Au  sens scientifique  spirituel, cela signifie que tous  les élé-
ments   composant   l'être  humain sur Terre,   ont  trouvé  le chemin
et  ont  pu  à  nouveau   s'unir à  leurs  images   primordiales  dans
le  monde     macrocosmique, dont   ils étaient issus autrefois.  Dans
le  chemin    contemporain   d'initiation, à un tel  vécu   correspond
le  cinquième    degré,  que Rudolf   Steiner  décrit   dans son livre
"La  science    occulte   en esquisse"   dans  les   termes suivants :

                                                                   227  ,

"L'homme    est  issu dans sa configuration   à partir de l'intégralite
du  monde   qui lui est le plus  proche ; et tout détail qui se trouve
en  lui, correspond  à t_in processus, à un être du   monde extérieur.
Le  disciple spirituel parvient, au degré   correspondant du  dévelop-
pement,   à reconnaître   ce  rapport  de son   propre être  au  grand
monde."(1)
    Prenons, en  tant  qu'exemple,  le  corps éthérique  de   l'homme,
qui,  d'après  les  paroles de   Rudolf  Steiner,  a  constamment   la
tendance  intérieure   de tendre   vers  son  modèle  primordial  cos-
mique,  vers  le  Soleil.(2) Toutefois,  s'il suivait cette   tendance
fondamentale   qui est  la sienne,  alors, en entrant  dans  la sphère
solaire,  il se  dissoudrait  dans  l'éther   universel.  Aucune   vie
individuelle ne  •serait alors possible  pour lui,  et il ne  pourrait
jamais  devenir  corps   éthérique  de   l'homme.   De  l'autre  côté,
en  étant totalement   arraché  à toute  source  céleste, aux   forces
de  la  sphère solaire, il ne pourrait  pas non plus servir  de  façon
correcte   l'homme, car, privé  du  lien avec son   modèle  primordial
macrocosmique,    il se   dessécherait.  Dans   les  deux cas   la vie
de  l'homme  sur  Terre  se  révélerait impossible, et toute  l'évolu-
tion terrestre devrait être  interrompue.
    Des deux   dangers en question,  le  Christ  sauve le corps  éthé-
rique à  travers le  Mystère  du   Golgotha et  l'Ascension  qui s'en-
suivit. D'un  côté, Il   permet    au  corps  éthérique  de    l'homme
de  suivre  son  aspiration à   s'unir  à  sa source  céleste,  et  de
l'autre,   Lui-même  s'unit à  cette a.spiration.(2)  Grâce  à   cela,
le  corps éthérique  de   l'homme,  même   s'élevant  dans le   Macro-
cosme,  ne  perd  pas le caractère   individuel qui lui est inhérent.,
et  qui seul le  rend  corps  éthérique  de   l'homme. Ce   processus,
on  peut  se le  représenter  dans  l'ordre inverse.  On  peut  dire
grâce  à l'union du  Christ   avec  le  corps éthérique  de   l'homme,
aspirant  vers le Soleil, il  acquiert  la  possibilité, déjà dans les
limites de  la Terre,  c'est-à-dire  en  conservant   pleinement   Son
caractère  individuel, humain,  de  s'unir à  son  modèle  primordial,
au  Soleil. Car  le Christ,  après  le  Mystère du  Golgotha,   repré-
sente  dans  la  sphère  de la  Terre   tout  le  plérome des   forces
solaires„ qu'Il  communique   à  partir  de cette    époque  au  corps
éthérique   de tout  homme.     De  cette   façon,  dans le   résultat
de  cette  union parfaitement   nouvelle   du Macro-   et  du   micro-
cosme,  le   Christ   sauve non    seulement  le corps    physique  de
l'homme   -  ce  à quoi  nous   renvoie  avant  tout  le  Mystère   du
Golgotha  -,   mais  également  le  corps   éthérique.   Et  c'est  de
cela dont nous parle  justement la  fête de  l'Ascension.

228

    Dans   la   conférence  du  7  mai  1923  à   Dornach,   consacrée
au  dévoilement  du  sens  ésotérique  de l'Ascension  et de la Pente-
côte   en   tant que    fêtes  prolongeant    directement  l'impulsion
du  Mystère   du    Golgotha,  Rudolf   Steiner,   en particulier, dit
ce  qui  suit    "Ainsi nous  pouvons   dire : Nous  laissons  l'image
de  l'Ascension  se mettre  devant  nos âmes.  Les disciples,  devenus
clairvoyants, voient  la tendance  des  corps éthériques des    hommes
de  s'élever  en   direction du  Soleil.   Le  Christ s'unit  à  cette
aspiration, il   la soutient.   C'est  cela la  puissante  image  : le
sauvetage  du   physique-éthérique  de  l'homme   par  le Christ  dans
l'image  de  l'Ascension."(3)   Ainsi   dans  l'Ascension  du   Christ
se  dresse  devant  nous  en premier    lieu rien d'autre  que l'union
des   corps physique    et  éthérique  de  l'homme  (c'est-à-dire   de
la  forme   humaine)    avec leurs   modèles  primordiaux    macrocos-
miques.
    Néanmoins   la fête elle-même   de  l'Ascension n'est  pas épuisée
par cela.  Car elle ne  nous rend pas   seulement  attentifs à l'intro-
duction  dans   l'existence de   la Terre  des  forces    de  toute la
sphère  solaire, des  forces du   Royaume      macrocosmique  du Fils,
mais   également    à Son   introduction  dans  cette  existence   des
forces   provenant  de  la  sphère-même    du   Père.  C'est  pourquoi
dans  l'Evangile   selon  Marc,  nous   lisons :  "Et  lorsque  Jésus,
le  Seigneur, leur  a  ainsi parlé, il  a  crû   vers  les sphères  du
ciel,  où il  trône à   la  droite du  Père   universel, en  tant  que
le  réalisateur  de  Ses  actes."(4) En   vue  de  la    compréhension
de  ces  paroles  évangéliques,  il est  nécessaire  de   se  rappeler
qu'en  tant  que résultat  de  la   communication  de  quarante  jours
faite  aux  apôtres  par    le Christ  ressuscité, s'éveille  en   eux
progressivement,   grâce  à Ses enseignements    et avant  tout  grâce
à Sa  participation directe, l'aptitude de la   clairvoyance  imagina-
tive. Dans  cet  état de conscience particulier, les apôtres   contem-
plent  au  cours des  quarante  jours   le Christ ressuscité, et  sai-
sissent  Ses   enseignements.    Mais  ce  n'est  pas  tout.     Comme
nous  l'avons déjà  vu, un  contenu  tout particulier  des  entretiens
du  Ressuscité   fut  le   dévoilement  des   mystères    du   nouveau
rapport entre   le  Macro-  et le  microcosme.  C'est  pourquoi   tout
l'enseignement,   le  Christ   l'accomplit par    ce  qui  amène   les
apôtres  vers la perception de  ces forces qui  d'une  façon  générale
sont   aptes  à  susciter  en  l'homme    la  cognition   imaginative.
Ce  qui fait que  l'on  peut dire   ces quarante  jours  que  les apô-
tres  ont  pu passer  avec  le  Christ  ressuscité,  furent  pour  eux
le  chemin  menant  vers les sources primordiales   mêmes de  l'imagi-


                                                                   229

nation,  vers  les   sources  primordiales   de toute   véritable  vue
suprasensible,  vers    cette  sphère   supérieure  du     Macrocosme,
que   Rudolf   Steiner, dans   ses  conférences,  appelle "le    monde
des   images   primordiales  de toutes   choses".(5)  Ce  mystère   de
la  provenance  de leur aptitude-même    de  la cognition  imaginative
à  partir  du  monde    des   modèles  primordiaux,  à partir   de  ce
monde   d'où,  d'après  les  paroles de  Rudolf Steiner,  les  Hiérar-
chies    "elles-mêmes   puisent leurs   forces"(6)  et  où le   Christ
"trône  à  la  droite du   Père  universel", ce   mystère,  le  Christ
le leur a  dévoilé dans la scène  de son Ascension.
       Tournons-nous à  cet   endroit  de  nouveau  vers  les  paroles
de  Rudolf Steiner,  dans  lesquelles  il décrit les liens réciproques
que  nous  avons  indiqués : "...à l'instant où nous  pouvons indiquer
qu'il existe   dans  le monde   une  conscience    clairvoyante,  nous
devons dire :  Donc  il  doit y   avoir également   un  monde   duquel
coulent  les  forces pour  l'organe de  clairvoyance    et ce   monde,
on l'appelle   dans  la Science  spirituelle le    monde  des   images
primordiales.  Ce qui  peut  surgir devant  nos yeux  en tant  qu'ima-
gination,  est... un reflet   du  monde    des   images  primordiales.
De  sorte  que  nous  montons    dans  le    Macrocosme de  degré   en
degré à   travers le monde   élémentaire,  à  travers le monde  spiri-
tuel, à   travers le monde   de   la raison  et à  travers le    monde
des   images  primordiales."(7)  Et dans   une  autre conférence    du
même    cycle  il poursuit : "...tout     comme à  partir  du    monde
élémentaire   se  forment  les   yeux  [et tous   les  autres  organes
des  sens  de l'homme],  à partir  du  monde  spirituel [le   Devachan
inférieur], le système  nerveux,  et à partir du   monde de la  raison
[le  Dévachan  supérieur], le  cerveau  de  l'homme,  ainsi se   forme
à  partir du   monde des  images  primordiales  ce  que nous  appelons
alors les  organes   supérieurs   des  sens,  ces  organes  des   sens
qui  nous  rendent   peu  à  peu  aptes à jeter   un   regard dans  le
monde   spirituel..."(8)
    Ainsi  dans   l'ensemble,  nous    avons  maintenant   le  tableau
suivant :  au  cours  de   quarante jours,  les  apôtres  ont   perçu,
à  l'aide de l'aptitude de la cognition  imaginative  s'étant éveillée
en eux, le Christ  ressuscité et  Ses  enseignements  sur les  "royau-
mes  célestes",   c'est-à-dire  sur les  mondes   spirituels.   Et  ce
processus  s'est  poursuivi  tant que    dans leur  pénétration   dans
les  mystères  du nouveau    rapport entre  le   Macro- et le   micro-
cosme, les   apôtres ne furent   dans  leur progression   suffisamment
loin pour  saisir le mystère    de la  provenance   de  leurs  propres
aptitudes  de  la  vue   imaginative.   C'est  maintenant    seulement


230

qu'ils  purent   comprendre  que  cette  clairvoyance   dont  ils jouis-
saient,   et qui  dans  ses  sources originelles fut  de  tout   temps
la  conséquence    de l'action  dans   l'homme  des  forces  provenant
du  monde    des   images  primordiales,   fut  éveillée  en  eux  par
le  Christ    Lui-même. Car    le Christ précisément   fut  Celui  Qui
sur  la     Terre-même  les  a gratifiés  de  toute  la plénitude  des
forces  macrocosmiques    du   monde  des  images  originelles, susci-
tant   en  eux  la clairvoyance   imaginative.   Et  un  tel  vécu  du
Christ, en  tant   que  nouvelle  Source de la  clairvoyance  imagina-
tive,  c'est-à-dire  en tant   qu'Apporteur   de forces  à  partir  du
monde   des  images   primordiales, s'est   exprimé  ensuite  en ceci,
que   les  apôtres ont  perçu  ce lien  dans   l'image de  l'Ascension
du  Christ     Lui-même dans  le  monde    des   images  primordiales,
dans le Royaume    divin du  Père.
    De  cette   façon, dans  cet  événement   fut  manifesté  aux dis-
ciples  le degré   supérieur  de  la cognition   du  rapport  entre le
Macro-    et  le   microcosme  :  la   provenance  des  aptitudes   de
la  cognition   imaginative,   apparaissant  dans    l'homme  en  tant
que   microcosme,    à  partir  de  leur   source  macrocosmique,    à
partir  du monde   des  images   primordiales. Grâce   à cela,  devant
la  conscience  des apôtres  fut  enlevé le dernier  voile dissimulant
la  véridique   image de la   mort, qui,   après le  Mystère  du  Gol-
gotha,  revêt  les traits du Père céleste. Dans  la  scène   elle-même
de  l'Ascension,  cela  s'est exprimé  en  ceci, qu'elle a   manifesté
le  contenu   intérieur de  la  mort,  en   tant que  le   dévoilement
de  la  conscience supérieure,   imaginative  de l'homme,   conscience
ayant   ses sources  dans le   Royaume    du Père  divin, portant   en
Soi les   images   primordiales  de   toutes les choses   et  de  tous
les êtres  du   monde*. C'est  pourquoi  le fait profondément    fondé
dans   le nouvel   ordre  universel  survenu   en  tant  que  résultat
du  Mystère   du   Golgotha,   et celui   auquel nous   rend attentifs
l'investigation spirituelle   contemporaine,  en parlant  de  ce  qu'à
partir  de cette  époque, l'un  des   premiers vécus de  tout    homme


*De   l'exposé ultérieur il    deviendra clair   que d'après  le  Cin-
quième    Evangile,   pour  le  Christ    Lui-même,  l'Ascension   fut
un  événement     comparable    seulement  à   la   mort dans  la  vie
humaine.   C'est   pourquoi  les  paroles de  l'Evangile  selon   Marc
citées  plus  haut (cf. p. 229),  nous  renvoient  également  au  fait
qu'à  cet  instant, le  Christ a  manifesté   aux  disciples de  façon
visible la   mort, en   tant que  processus   d'union avec   le  monde
du  Père.

                                                                   231

après   la  mort  est la   contemplation  de   l'Ascension  du Christ,
lui  découvrant    de  façon  définitive  la véridique   image  de  la
mort    liant en   un tout  indissoluble le  monde  spirituel  le plus
proche    appartenant  à  la Terre,  avec   la plus  haute  sphère  du
Père,   avec   le  monde     des  images  primordiales    lui-même.(9)
De   ce  vécu   après  la  mort  de  chaque    homme,  lié   également
à la dissolution  progressive  de  son corps éthérique dans la  sphère
du   Soleil, Rudolf  Steiner   en  parle  dans les  termes  suivants
"Et  maintenant    nous  pouvons   encore    adjoindre quelque   chose
à   la  caractéristique   de l'Ascension.   De telles   contemplations
spirituelles,   comme l'avaient  les disciples le jour de l'Ascension,
se   rapportent  en  fait  toujours  à quelque    chose  que   l'homme
vit  déjà   dans l'un  ou   l'autre état  de   conscience.   Seulement
nous   savons :  Après   la  mort,   l'homme   vit le  départ  de  son
corps   éthérique. Il  dépose    avec la  mort  son    corps physique.
Quelques   jours  durant  il  garde    son corps   éthérique,  puis le
corps   éthérique  se dissout    il  s'unit  véritablement  au Soleil.
Cette   dissolution   après  la  mort  est l'union    avec le solaire,
qui  traverse  de  son rayonnement     l'espace  dans lequel la  Terre
aussi se trouve.  Dans   ce corps  éthérique s'éloignant  de  l'homme,
l'homme     contemple  depuis  le  Mystère   du   Golgotha  le  Christ
également,   qui  est devenu  son  sauveur   dans la   prochaine exis-
tence   terrestre ; de sorte  qu'en fait  depuis  le  Mystère  du Gol-
gotha,  chaque   homme   qui meurt   a devant  son âme    cette  image
de   l'Ascension, que    les disciples virent  par  leur  état   d'âme
particulier le jour en question."(10)
   Et à  la fin, pour conclure,  il est nécessaire de faire  remarquer
encore  un  aspect  de l'Ascension,  touchant  directement  la  sphère
lunaire  ou  la  sphère  de  l'Esprit Saint, où son   imagination  est
vécue   par  l'âme  du   défunt  tout  de  suite  après la  mort.   De
cet  aspect Rudolf   Steiner parle de  façon particulièrement  détail-
lée  dans   la   conférence  du  15  septembre    1922,  à  Dornach
"Celui  qui  aujourd'hui  parle à partir  de   là science initiatique,
doit... encore dire  ce  qui suit   Oui, c'est l'impulsion  du Christ,
qui  continue  à agir  par-delà la mort,  sous l'influence de laquelle
l'homme   se   libère de  la sphère   de  la Lune,    pénètre  dans la
sphère  des  Etoiles-Soleil,   et  peut travailler  là   à  partir des
impulsions   que  lui   donnent  les êtres   du   monde   des étoiles,
à  l'élaboration   de   l'organisme  physique  de  sa  prochaine   vie
terrestre.  Mais  il se  libère  de  la  sphère de  la   Lune  par les
forces  qu'il  a   emmagasinées  dans  son   Moi  par  le penchant   a
l'Etre  du  Christ  et   au  Mystère  du  Golgotha."(11)   Et  un  peu

232

plus tôt  dans   la   même    conférence,  Rudolf   Steiner parle  de
ce  processus  de  la  façon  suivante : "Et tout     comme votre vie
extérieure    chemine  sous l'influence de  la  lumière  solaire phy-
sique et  de la  chaleur solaire physique,  de  même  après  la mort,
votre  entité  fait alors  appel  au  haut  être solaire,  [qui] vous
libère de votre  noyau   du destin et vous  accueille  dans la sphère
des étoiles,  de  sorte   que  vous pouvez,   avec   l'aide de  votre
conducteur   solaire, y élaborer la  partie d'esprit  de  votre futur
organisme    physique."(12) Pour   nous,  dans   le processus  décrit
dans  le  présent   examen,  est  particulièrement  essentiel le fait
que c'est    précisément la   Force   du Christ,   qui "...continue à
agir  après  la  mort  et  qui   arrache  l'âme  au   noyau essentiel
du destin et  à  la  sphère de la Lune...",(13)  de sorte que "...par
la  conduite  du   haut  être  solaire,  l'âme  de  l'homme   devient
épurée  lors du  passage du   monde  d'âme  vers le pays de l'esprit",
(14) ou,  ce qui revient   au même,   de la sphère  de la   Lune vers
la sphère du Soleil.(15)
    Qu'est-ce   qui est  sous-entendu  ici  sous  "épurée", "libère",
"noyau   du  destin",  termes   employés  ci-dessus ?  -  Ce   "noyau
du  destin" ou "l'être du destin", qui  est également    en soi toute
la  "valeur   morale"  de   l'homme,  ce   noyau,  étant le   porteur
de  son   karma  non   encore  vécu,(16)  doit   être délaisse  après
la  mort  par l'âme   dans la  sphère  lunaire,  avec ceci, afin  que
ses influences   n'agissent pas  de  façon  assourdissante  sur l'âme
au  moment   de  son   séjour dans les  régions  solaire et stellaire,
car un tel    assourdissement ou   assombrissement  de la  conscience
dans les  sphères  supérieures   de l'existence    cosmique  mènerait
vers une  impossibilité  d'une édification  correcte  du  corps  phy-
sique pour  la future  vie terrestre. Plus tard, déjà après le séjour
dans  la  sphère  solaire  et  dans  les mondes    stellaires, l'âme,
en  pénétrant  pour   la seconde  fois dans  la  région  de la  Lune,
doit à  nouveau  s'y unir avec  "l'être karmique" qu'elle a délaissé,
afin  de  continuer   à  travailler sur sa   rectification  au  cours
de  la plus  proche  vie terrestre.   Et puisque   la libération, qui
a  été  décrite  plus  haut,  de  cet  "être karmique"   se   déroule
après la  mort   dans  la sphère   lunaire  grâce à l'union  du   Moi
humain,   encore  sur  Terre,   avec   l'impulsion  du Christ,   nous
devons  dire : en  libérant   l'âme du  défunt,  pour  le   temps  de
la  vie solaire  et  stellaire, de l'influence  de  la  sphère de  la
Lune  et  du karma    négatif  de  l'homme,  karma  qui   y séjourne,
le  Christ dans  un   certain  sens  prend  ce  karma   sur Soi  pour
toute la  période  de  l'existence de  l'homme   après la  mort, per-



                                                                  233

mettant  à   l'âme,  sous Sa  conduite,  de trouver  le  chemin   vers
une  véridique  Ascension,   menant   à partir  de  la  sphère lunaire
vers  la solaire,  et à  partir  de  là toujours  plus   haut  et plus
haut jusqu'au   monde des étoiles fixes.
      De cette  façon  dans  la  scène  de  l'Ascension,  nous   avons
l'indication de  l'action   universelle de  l'Etre  du  Christ   après
le  Mystère  du  Golgotha  sur   la sphère  de  l'existence de   l'âme
humaine   après  la  mort.  En   outre, Son  influence  saisit  toutes
les  trois  régions fondamentales    du    Macrocosme,   que  traverse
l'âme  entre deux   incarnations : la  région  de la  Lune, la  région
du  Soleil et  la  région  des  étoiles fixes,  qui sont  dans   notre
monde   le   reflet des   sphères  supra-hiérarchiques   de  l'Esprit,
du Fils et du   Père. En outre,  dans la première   région, le  Christ
manifeste  à    l'âme  le salut  du  corps  éthérique    de   l'homme,
et  l'aide à se   séparer provisoirement   des  conséquences   de  son
mauvais  karma,    et la libère  également  des  forces  de  la   Lune
la liant à   la Terre. Dans  la  deuxième   région  le Christ   permet
à  l'âme de  pénétrer  de façon  correcte   dans le    Royaume solaire
pour   y    métamorphoser toutes  les   expériences de   l'incarnation
précédente   en   ses aptitudes    dans la  vie  terrestre   suivante.
Et, à la fin, dans la  troisième  région, dans  la  région des étoiles
fixes, dans  le  Royaume    du   Père     Lui-même, le  Christ  dirige
l'âme  dans  son  travail  de   formation,  à  partir des   forces  de
la Sagesse   divine (Sophia),  de  "l'homme    universel", le   modèle
primordial   cosmique  de son futur  corps  physique. - Ainsi l'action
du  Christ  s'étend à  toutes les  régions  de  l'existence de   l'âme
après la  mort, c'est-à-dire à   toutes ces régions du     Macrocosme,
desquelles le  Christ a  apporté sur la  Terre  les forces  à  travers
le Mystère   du Golgotha,  et qu'Il a liées, grâce  à Son   Ascension,
directement  à l'existence  de chaque   âme humaine.    C'est précisé-
ment  pour   cette raison, lorsque  les apôtres,  ayant  été  préparés
à  cela par  les enseignements   de   quarante  jours du   Ressuscité,
et   ayant  également  vécu    l'Ascension  qui s'ensuivit, que   pour
eux,  cela fut  non  seulement   la preuve  de  toute la signification
incommensurable    du   Christ   pour  l'existence  de   l'âme   après
la mort,   mais  en  même   temps   cela  fut  cet   événement   grâce
auquel ils  ont  pu  atteindre   la cognition,  pleine  et universelle
à  l'extrême,  du nouveau   rapport  entre  le  micro-  et  le  Macro-
cosme.