la Loi du destin et nos démons bons ou mauvais

               SIXIÈME CONFÉRENCE du livre de Rudolf Steïner "Théosophie du Rose-Croix"




                      La loi du destin

   Nous  allons  considérer,  aujourd'hui, les expériences
 -vécues par   l'homme    dans  notre   monde    physique,
 en tant qu'elles *sont déterminées par sa vie Précédente.
 Disons  tout  d'abord   que la vie  n'est pas   seulement
 déterminée  par les incarnations précédentes, mais aussi,
 bien que pour une   faible part, par la vie actuelle. Dans
 les ouvrages traitant de science spirituelle, cette loi, par
 laquelle le passé,- le présent et l'avenir dépendent  les
 uns des autres, se    nomme la loi  du Karma.   C'est, en
 fait, la loi  même    qui régit le destin    de  l'homme.
 Pourtant', dans toute vie  prise isolément, nous  n'avons
,qu'un cas particulier  de  la  grande loi universelle; ce
 que nous appelons  la loi du Karma  est, en effet, une loi
 cosmique  toute générale,  et  son application  à la  vie
 humaine  n'est  qu'un cas particulier. Quand    nous per-
 cevons  un  rapport   quelconque   entre quelque   événe-
 ment  passé et les effets ultérieurs qui en résultent, nous
- appliquons déjà  cette  loi,  peut-étre sans   y songer.
 Aussi vais-je décrire  plus    particulièrement   comment
 cette loi universelle intervient  dans le cours de la vie
 humaine.
   Si nous   avons  devant  nous   deux récipients remplis
 d'eau et que  nous jetions une   boule de fer chauffée  à
 blanc dans l'un d'eux,  l'eau commence   à s'échaufier et
 à bouillonner.  Sortons maintenant  la boule et jetons-la
 dans le second vase': l'eau ne s'échauffe plus. Eussions-
 nous mis en   premier lieu la boule dans le second  vase,
 l'eau eût bouillonné, et la boule  se fût refroidie; mais

ainsi, la boule s'étant refroidie dans le premier réci-
pient, l'eau du second ne peut plus être amenée à ébul-
lition. Le   comportement de  la boule  dans le  second
vase  dépend  de  son    comportement  dans le premier.
Ainsi, dans la  vie  physique s'enchaînent continuelle-
ment  les effets et les causes.
   Choisissons un  autre exemple dans  le règne animal.
Chez  certains   animaux qui ont immigré  dans de  som-
bres cavernes, le sens de la vue s'est atrophié. Les subs-
tances qui   auparavant avaient nourri les yeux ont été
transférées dans d'autres parties du corps, car les yeux,
n'ayant  plus besoin  de voir, n'en ont que  faire; l'or-
gane  de  la vue dépérit et dans toutes les générations
suivantes ces animaux  naissent avec les yeux atrophiés.
Par leur  fixation en milieu  obscur  ces animaux   ont
eux-mêmes    provoqué le dépérissement  de  ces organes
et ont déterminé le sort des  générations suivantes par
leur comportement   dans le passé. Il n'en va pas autre-
ment dans la vie humaine.
   L'homme•   détermine son avenir  par son  passé. Par
le centre   même de  son être_ il n'est pas limité à une
seule incarnation,  mais passe au  contraire par  beau-
coup de vies successives; les expériences d'une vie par-
ticulière sont donc  causées  par   une existence anté-
rieure.
   Nous allons maintenant  étudier cet enchaînement  de
cause à effet et pour cela nous allons examiner un  peu
les conséquences que peuvent  entraîner les agissements
des    hommes, leurs pensées  et leurs  sentiments.  On
entend souvent  dire que les pensées sont franches (dic-
ton  allemand: les pensées  sont exemptes de droits  de
douane),  ce qui signifie: on peut penser ce qu'on veut,
cela ne gêne  personne. C'est là un point de vue  maté-
rialiste que n'acceptera jamais  celui  pour lequel les
impulsions de l'esprit sont des réalités vécues.


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  Le  matérialiste croit 'bien que s'il lance une pierre à
un    homme il peut le blesser; en revanche, il est per-
sua dé qu'il ne fait aucun mal à son prochain s'il nour-
rit, à son égard, des sentiments de• haine. Mais celui
qui  connaît le monde   dans sa réalité sait bien qu'une
pensée haineuse peut produire des effets mille fois plus
pernicieux  qu'une pierre, lancée. Tout ce que l'homme
pense  et ressent se répercute dans le monde, et le clair-
voyant peut  suivre, jusque dans tous les détails, l'effet
d'une  pensée d'amour  qu'on réserve à son prochain et
l'effet contraire d'une pensée  malveillante.  Si vous
dirigez vers quelqu'un   une pensée  d'amour,  le clair-
voyant  voit se former   une configuration  lumineuse,
semblable  à quelque   corolle, quiP enveloppe,  d'une
légère étreinte, ses corps éthérique et  astral, et lui
apporte  par là bien-être et réconfort.  Au contraire,
une  pensée de haine se plante, telle une flèche acérée,
dans  le corps astral et dans le corps éthérique.
   On  peut, dans ce domaine, faire les observations les
plus diverses. Quelle différence dans le monde astral,
si l'on exprime une pensée vraie ou si l'on dit un men-
songe! Une  pensée se rapporte à une chose quelconque,
et elle est vraie pour autant qu'elle y corresponde. Un'
événement,  par exemple, a lieu quelque part, dont l'ef-
fet se répercute dans les mondes supérieurs. Quelqu'un
rapporte  ce fait  avec  exactitude; alors une   forme
astrale se détache du rapporteur et va s'unir à la con-
figuration née de  l'événement  même,   et les deux se
renforcent réciproquement. Ces  formes renforcées ser-
vent à nuancer  notre  monde spirituel, à l'enrichir; et
l'humanité, si elle veut faire des progrès, a besoin (d'un
monde  spirituel harmonieux.  Au contraire, si l'on rap-
porte le fait de façon que le récit ne concorde pas avec
l'événement, si l'on en donne une  version mensongère,
alors les deux formes  de pensée, celle qu'a  suscité le

récit et celle qui provient  de l'événement,   s'entrecho-
quent   dans l'astral et se détruisent mutuellement.    De
pareilles destructions qui ont  quelque  chose  d'explosif
agissent à la façon  d'une tumeur  rongeant le corps  phy-
sique  et détruisant  l'organisme.  Ainsi  les   mensonges
détruisent et tuent les  formes astrales qui  ont surgi et
qui doivent  surgir et, par là  même, retardent ou    même
empêchent,   dans certains secteurs, le progrès de  l'évo-
lution. En fait, tout homme     véridique fait  avancer le
progrès de   l'humanité, tandis que le menteur   l'enraye.
D'où,  la loi occulte:  le mensonge  considéré  spirituel-
lement  est un meurtre. Il ne détruit pas  seulement   une
image   astrale, il est aussi un suicide. Celui qui   ment
hérisse d'obstacles son  propre chemin.  Partout  dans  le
monde   spirituel nous  pouvons   observer les  effets né-
fastes du mensonge.
   Ainsi, le clairvoyant est  à même   d'observer,  sur le
plan astral, les effets de toutes les pensées,  des senti-
ments  et des sensations. Les penchants, le   tempérament,
le caractère, bref tout ce qui, dans  la nature   humaine,
est  durable,  rayonne   continuellement jusque   dans  le
monde   astral, mais aussi jusqu'au   plan   dévachanique.
Un  homme    doué  d'un    tempérament  serein est   comme
une source   de sérénité dans   les mondes  supérieurs, il
est  un centre  qui  déclenche, dans  le Devachan,    cer-
taines  répercussions bienfaisantes'. Au   contraire,   un
mélancolique,  qui se laisse aller à ses dépressions,  am-
plifie les essences astrales en rapport   avec  la  mélan-
colie humaine.  Ainsi la science spirituelle nous   montre
que  nous ne sommes    pas des  entités isolées, sans rela-
tion avec  les autres   mondes, mais  que  nos  pensées, à
chaque  instant,  prennent forme   dans le    Devachan; et
que ces formes, à  leur tour,  donnent au   monde de l'es-
prit  une nuance   et  une consistance particulières.  Les
quatre  régions   du   monde dévachanique,    les  régions


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continentale, océanique,    aérienne et celle des inspira-
tions originales sont continuellement  influencées par les
pensées, les sentiments et les impressions des hommes.
   Quant    aux régions encore plus  hautes où   se  mani-
feste déjà la chronique   akashique,  ce sont  les actions
                                                         •
des    hommes qui les influencent. Tout  ce qui  touche  à
la vie active a des répercussions jusque dans  les régions
les plus hautes  du Devachan,   que  nous avons   appelées
le monde   de la raison. Nous  comprendrons    ainsi  com-
ment    l'homme, dans   sa  descente vers   une   nouvelle
incarnation,  assemble, à   nouveau, les éléments  de  son
corps  astral et comment  il  s'en revêt. Tout  ce qu'il a
pensé,  senti et éprouvé, était demeuré  partie intégrante
du  monde   astral; les vestiges de sa vie précédente  s'y
étaient imprimés.   A-t-il pensé, a-t-il raisonné selon la
vérité, ces vestiges astraux lui composent  un   corps as-
tral de bonne    conformation. Mais  son tempérament    et
Son caractère   avaient laissé des traces dans   le  Deva-
chan  inférieur; ce sont là les éléments qui   constituent
son   nouveau corps éthérique. Quant   à ses actions anté-
rieures, ce sont les parties les plus hautes du  Devachan,
où  se  déroule  la chronique   akashique,  qu'elles   ont
influencées;  aussi est-ce  le Devachan     supérieur  qui
confère  au   corps physique   sa  localisation, sa  place
dans  notre  monde.  C'est  de là  qu'agissent les  forces
qui, au moment   de l'incarnation, dirigent l'homme   vers
un lieu  déterminé.   A-t-on  fait du  mal  à   quelqu'un,
c'est un fait  dont l'effet se répercute jusque  dans   le
Devacha.n;  l'homme,  dans  sa descente  vers la terre  en
éprouve   les conséquences,  car  cet acte s'est mué    en
force qui dirige l'âme, sous la direction d'entités  supé-
rieures, vers la race, la famille, l'entourage  et le lieu
où  elle  apprendra   connaître,  dans une  nouvelle  vie,
l'effet de son acte antérieur.
  Les   expériences qui, ici-bas, ne nous   affectent  pas

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profondément   agissent, dans• l'incarnation suivante,
'sur notre corps astral et lui confèrent des sentiments,
des sensations et des facultés mentales correspondantes.
Si l'on a bien employé sa vie, si l'on a contemplé avec
sympathie le spectacle du  monde, si l'on  a acquis de
bonnes notions sur ce qui nous entoure, on renaît avec,
dans son corps astral, certaines dispositions et certains
talents qui sont le fruit de nos  efforts passés. C'est
donc dans le corps astral que nous relevons l'empreinte
de nos expériences et acquisitions faites dans une vie
antérieure. En revanche, tout ce qui touche l'âme pro-
fondément,  ce qui la bouleverse ou ce qui l'exalte, tout
cela se répercute dans l'incarnation suivante jusqu'au
corps éthérique et  provoque en lui certaines disposi-
tions durables. Celui qui a vécu dans le bonheur jouira
d'un corps  éthérique doué d'un tempérament  enclin  à
la joie. Celui qui s'est efforcé d'accomplir beaucoup de
bonnes actions aura  développé en soi des sentiments et
des dispositions sociales qui le doteront, la vie suivante,
d'un véritable talent pour  soulager son  prochain. Il
aura la conscience scrupuleuse et une moralité à toute
épreuve.
  Le corps  éthérique est le siège de  nos -dispositions
permanentes,   par exemple   de notre  caractère. Tout
cela passe dans une vie suivante dans le corps physique,
de telle sorte qu'un homme qui a  développé, dans  une
vie, de mauvais  penchants   et de  mauvaises passions
renaît avec un cctrps  physique débile et  porté  à la
maladie. En revanche, un homme    endurant et jouissant
d'une bonne  santé a développé, dans la vie précédente,
de bonnes qualités et des vertus morales. Une personne
maladive  a vicié, elle-méme, son  corps éthérique par
les mauvais  penchants   auxquels elle l'a habitué. Il
dépend donc  de  nous que  nous soyons, dans l'avenir,
un corps  malade ou robuste, pour  autant que santé et

maladie  dérivent des prédispositions du corps physique.
Si  nous combattons   et extirpons nos    mauvais pen-
chants, nous nous préparons  pour la  vie prochaine un
corps vigoureux  et résistant.
   On  peut observer dans tous les détails comment les
dispositions personnelles se retrouvent, la vie suivante,
dans  la conformation   du  corps physique.  Une   âme
rayonnante  d'amour  aura,  dans la prochaine incarna-
tion, un corps  physique qui, jusqu'à  un âge  avancé,
gardera  un aspect jeune et vigoureux. Le fait de sym-
pathiser avec tous les 'êtres, de les aimer, nous vaudra
un corps  physique  qui  conservera longtemps sa jeu-.
/esse.  Une vie remplie de haine, d'antipathie, de cri-
tique à l'égard du prochain nous dotera d'un corps qui
vieillira de bonne heure. Ainsi les penchants et les pas-
sions d'une vie se  retrouvent  dans la   conformation
physique de la vie suivante.
  Par exemple,  un  sens du  gain  poussé à l'extrême,
une passion d'amasser  égoïstement des richesses, occa-
sionneront, dans la vie suivante, une prédisposition du
corps physique  à contracter des maladies  infectieuses.
On peut facilement  constater des cas où la passion du
gain, inoculée au corps éthérique, entraîne une moindre
résistance aux infections de toute nature. En revanche
une inclination du  corps éthérique à  aider son  pro-
chain de façon désintéressée nous  promet  pour la vie
suivante un corps physique endurant qui luttera contre
la contagion.
   On  peut ainsi,  si l'on connaît les  rapports  qui
unissent je  monde  physique   au   monde astral, com-
prendre le devenir du  monde dans ses particularités les
plus intimes; mais ces rapports sont souvent bien dif-
férents de ce que les hommes se figurent. Par exemple,
beaucoup d'hommes   se plaignent d'avoir à endurer des
souffrances et des peines; mais, d'un point de vue plus

élevé, ces plaintes ne sont guère justifiées, car ces dou-
leurs, une fois surmontées, deviennent,  au seuil d'une
nouvelle  incarnation, une source de sagesse et de pru-
dence  et ouvrent   à l'esprit humain des perspectives
toutes nouvelles. Ainsi dans un ouvrage  récent, inspiré
pourtant  par  le matérialisme  de  la pensée moderne,
l'auteur  affirme que dans la   physionomie de• chaque
penseur nous   trouvons une expression  qui est  comme
de  la douleur  cristallisée. Cette vérité est connue de
l'occultiste depuis longtemps. C'est en supportant avec
sérénité douleur et souffrances  qu'on acquiert la plus,
profonde  sagesse. Celle-ci est le fruit, dans une incar-
nation suivante,  d'une vie   douloureuse  vaillamment
supportée, et nul ne  peut y  parvenir s'il fuit la souf-
france. Et même-de  nos maladies  nous ne devrions pas
nous plaindre, car, vues d'un point de  vue plus élevé,
elles sont tout autre chose que ce  qu'elles paraissent.
En effet, les  maladies qu'on subit avec  courage con-
fèrent au corps, dans l'incarnation suivante, une grâce,
une beauté  particulières, de sorte que la grâce  dans
l'apparence humaine est souvent le  résultat de la mala-
die  dans une vie précédente. Il y a donc une relation
entre les lésions du corps, causées par un accident ou
par une maladie, et la beauté humaine  dans la vie sui-
vante.
  A cette curieuse relation on peut appliquer la parole
de  l'écrivain français Fabre d'Olivetll qui a prétendu
que certains aspects de la vie  humaine  rappellent la
formation de  la perle dans l'huître perlière; c'est une
maladie de l'huître qui produit la perle. Il en est ainsi
de la vie humaine:  la beauté a un  rapport   karmique
avec la  maladie et elle en est la  conséquence.  Mais
quand  je vous dis  que l'homme  enclin  aux   mauvais
penchants acquiert  des dispositions  aux maladies, il
nous faut encore souligner qu'il ne s'agit que de pré-

                                                    83

• dispositions internes; si, par exemple, l'on tombe ma-
lade parce qu'on a travaillé dans un air vicié, le cas est
tout  différent. Certes, on peut aussi tomber malade à
la suite de circonstances extérieures,  rnais alors la
maladie  ne dépend   pas  des prédispositions du corps
• physique.
   Quant à  nos  activités qui ont laissé quelque trace
sur le plan matériel — de chacun  de nos  pas ou  d'un
mouvement   de  la main   jusqu'aux processus les plus
complexes,  comme  la construction d'une maison, elles
nous  reviennent,  dans   une  incarnation ultérieure,
comme  du   dehors et réapparaissent, dans  les circons-
tances extérieures qui influent sur notre vie.   Comme
vous  le voyez, nous vivons du  dedans vers l'extérieur;
c'e qui anime le corps astral — joie et peine, bonheur
ou  malheur réapparaît dans le corps éthérique; les pen-
chants durables, bons  ou mauvais, qui ont leur racine
dans  le corps éthérique réapparaissent sous la  forme
de prédispositions du corps  physique; mais ce que l'on
fait ici-bas au moyen  de son corps  physique devient,
dans l'incarnation suivante,  la destinée   proprement
dite, c'est-à-dire l'ensemble des  circonstances exté-
rieures qui déterminent notre vie. Ainsi, les agissements
du corps astral deviennent le destin du corps éthérique;
le corps -éthérique devient le destin du corps physique,
et les activités du corps physique nous reviennent, dans
une  incarnation ultérieure, comme  du dehors, sous la
forme de réalités matérielles.
    Vous avez là le point précis où le destin extérieur
intervient dans l'existence humaine. Les effets du des-
tin peuvent tarder;  mais tôt ou "tard ils se manifes-
teront. Si l'on considère l'existence d'un homme à tra-
vers Ses incarnations successives, on ne manquera  pas
d'observer  que  les entités, chargées de veiller à l'in-
corporation   de l'âme, agissent de   manière qu'à  un

moment   donné  l'homme   en question soit conduit vers
un  lieu déterminé où son destin s'accomplira.
   En voici un exemple  pris dans la  vie: lors de la ré-
union  d'une  cour  de justice de la Sainte  Vehme,  au
moyen  âge, un   homme fut jugé et exécuté par ses juges.
En   remontant jusqu'aux  vies antérieures des juges et
du   condamné, il apparut qu'ils avaient vécu à la même
époque;  le   condamné avait été le chef d'une tribu et
avait  fait supplicier ceux qui   maintenant étaient ses
propres juges.  Cette action de la vie précédente avait
créé  un rapport entre ces  personnes; elle avait éveillé
des  forces qui se sont répercutées jusqu'aux régions où
s'élabore la chronique akashique. Lorsqu'une âme  s'in-
carne  à nouveau,  ces forces karmiques la  font naître
à la   même époque  et dans le même  lieu que  les âmes
auxquelles  elle est ainsi liée; ainsi: son destin se déter-
mine. La  chronique  akashique est, en effet, un  champ
de forces où sont inscrites toutes les dettes karmiques
qu'un    homme a contractées à l'égard de son prochain.
Beaucoup  d'hommes  ressentent les effets de cette tech-
nique du Karma,   mais bien peu s'en rendent compte.
    Prenons un autre  exemple: un homme   a une profes-
sion qui, en  apparence, lui procure  toute satisfaction.
Pour  une raison  quelconque il se voit obligé de quitter
son  emploi et n'en   trouve pas  d'autre dans son lieu
d'origine. Il doit s'expatrier et changer de métier. A ce
moment   il  rencontre un inconnu avec   qui il entre en
rapport.   Que s'est-il passé? Jadis il a vécu en compa-
gnie de cet homme  qu'il vient de retrouver• et il a con-
tracté, à son  égard, une dette karmique.  Celle-ci est
inscrite  dans la  chronique de l'Akasha, et ces forces
l'ont  conduit dans ce lieu précis, pour que la rencontre
pût avoir lieu et qu'il pût s'acquitter de sa dette.
   Entre la  naissance et la mort, l'être humain est en-
touré  continuellement d'un  champ de forces  karmiques


                                                     85

 qui,  invisiblement, influent sur sa vie et la dirigent.
 Vous   voyez ainsi que vous subissez continuellement Is
 répercussions de vos vies antérieures et  que vous  en
 ressentez les effets.
   Ainsi vous devez  vous  rendre  compte  que vous êtes
dirigés  dans votre  vie par  des puissances que  vous-
mêmes   ne  connaissez pas. Ce  qui agit sur votre corps
éthérique, ce sont   les images et les formes que jadis
vous  avez  projetées sur le plan astral; et ce qui tisse la
trame   de votre destin ce sont les entités et les forces,
dans le Devachan  supérieur,  que vous-mêmes  avez ins-
crites dans la chronique aka.shique. Ces forces ou enti-
tés ne sont pas inconnues des occultistes; elles trouvent
leur place, ou leur rang,  dans   la hiérarchie d'entités
similaires. Vous devez vous rendre  compte que  dans le
corps astral, aussi bien que dans les corps éthérique et
physique,  vous  éprouvez les effets d'entités étrangères
à votre  Moi; tout ce que vous faites involontairement,
sous l'empire de quelque contrainte, tout cela est le fait
de ces entités; rien ne se passe en  vous qui n'ait une
cause, et  cette cause est, le plus souvent, un être. Les
différents corps de  la nature humaine  sont continuel-
lement imprégnés d'entités diverses, et une bonne  par-
tie des exercices que le maître  initié fait faire à son
élève n'ont d'autre but que de chasser ces entités hors
de l'être humain, afin de le rendre de plus en plus libre.
    On appelle «démons» les entités qui continuellement
imprègnent  et as/servissent le corps astral-. En fait, les
entités que vous engendrez    vous-mêmes, à chaque ins-
tant, par vos  pensées vraies ou fausses, s'accroissent
peu  à peu et  deviennent des démons.  Il  y a de  bons
démons  qui   proviennent de  bonnes pensées.  Mais  de
mauvaises   pensées, avant   tout des pensées  fausses,
mensongères,  engendrent  d'effroyables formes    démo-
niaques de la pire espèce, qui, si l'on peut dire, lardent

de part -en part  le corps astral. Le corps éthérique, lui
aussi, héberge des entités &mit   l'homme doit se libérer,
ce sont les «spectres» ou «revenants»,  et, enfin, il y en
a qui s'attaquent au  corps physique,  ce sont  les «fan-
tômes». En   dehors de ces  trois catégories existent des
êtres dont la  victime est le Moi humain   qu'ils tâchent
d'ébranler en   le poussant   de-ci  de-là: ce  sont  les
«esprits». On  les    nomme ainsi,  parce que  le Moi est
esprit lui-même.  En  fait, lorsque    l'homme  redescend
sur cette terre, ces entités, qu'il a engendrées lui-même,
déterminent   son sort, qu'il s'agisse de  son  existence
matérielle ou de sa  vie intérieure. Ces êtres sont à  ce
point mêlés  au cours  de sa vie qu'il ne peut    manquer
d'en ressentir la  présence dans  son corps  astral, dans
son  corps éthérique, dans son corps physique;  car, lors
d'une nouvelle   naissance, tous les êtres qui présentent
quelque conformité   avec sa  nature  aspirent à s'incar-
ner en lui.
   Vous constatez, du  même   coup, la  vérité des témoi-
gnages  religieux que  les Ecritures nous  ont conservés.
Quand,  dans   la Bible, il est  question de  l'expulsion
des   démons,  ce n'est pas    quelque  notion abstraite,
théorique, c'est un fait concret que nous  devons   pren-
dre à la lettre. Qu'a  fait le Christ-Jésus? Il a guéri le
possédé en chassant  les  démons de son  corps astral. Ce
sont là des  faits absolument   réels. Socrate aussi,  en
philosophe éclairé,  parle  du   démon  qui  animait  son
corps astral;  c'était là un     démon bienfaisant;  car,
parmi les démons, il y en a qui sont bons  et secourables
et d'autres qui sont hostiles à l'homme.
  Il y en  a  même qui sont funestes  à un degré   inima-
ginable. Ainsi, les démons  du   mensonge retardent  gra-
vement  l'évolution  humaine   en  rejetant   l'homme  en
arrière, moralement    parlant. Toutes    les fois  qu'au
cours. de l'histoire d'éminentes  personnalités   se sont

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adonnées  au mensonge,  de pareils  démons  ont été en-
gendrés  qui  ont pu s'accroitre dans des proportions à
peine   croyables et former d'impressionnantes entités;
celles-ci sont, à proprement   parler, les «esprits» qui
entravent le progrès et sont des pierres  d'achoppeMent
sur la voie  des hommes. C'est dans  ce sens que  Faust
dit à  Méphistophélès   «Tu  es le père  de  toutes les
entraves!».
    Chaque homme  en particulier, du fait  même que par
son destin il est lié à ses semblables, exerce sur le reste
de  l'humanité   une certaine influence; cette influence
peut  être  bonne ou mauvaise, selon qu'il dit la vérité
ou  qu'il ment, car pour  l'économie morale  du   monde
il n'est pas du tout indifférent qu'il engendre, des dé-
mons   de vérité ou des démons  de mensonge.   Imaginez
une nation qui ne se compose   que de menteurs; ceux-ci
peupleraient le plan astral d'innombrables démons  qui,
à leur tour, pourraient produire, sur le plan physique,
de  véritables  épidémies. En  fait, il existe certains
bacilles porteurs de germes  de  maladies infectieuses,
qui   proviennent directement  des  mensonges  proférés
par les  hommes; ces bacilles ne sont donc que des incar-
nations physiques de démons  du mensonge.  Vous   voyez
par  là que  les  mensonges  d'antan, par  l'action  du
Karma    mondial, reparaissent sous forme d'une   armée
de germes nocifs. Dans  un passage du Faust  nous  pou-
vons   toucher du  doigt   combien les légendes  et les
mythes  anciens contiennent de vérité»  Nous  y  voyons
des bataillons de vermine aux  ordres de   Méphistophé-
lès qui est le père du mensonge, sans parler du rôle que
Goethe  attribue aux souris et aux rats dans la    même
occasion. Les légendes contiennent souvent de  merveil-
leux  rapprochements  entre  le monde   spirituel et le
monde   physique.
   Mais nous  devrions  toucher  à bien d'autres  ques-


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tions, si nous voulions comprendre  la loi du   Karma.
C'est, en somme,  d'une certaine connaissance des lois
karmiques  que dérive  le mouvement   de la science spi-
rituelle. Vous venez de voir que les forces ou les êtres
qui  animent le corps éthérique agissent, dans la vie sui-
vante, sur le  corps physique;  celui-ci est influencé,
dans  une vie subséquente, par notre mentalité actuelle,
par notre façon de penser et de raisonner. Il n'est donc
pas indifférent,  pour  notre vie  à  venir, que  nous
soyons matérialistes ou spiritualistes. Uri homme qui a
quelques connaissances  des mondés supérieurs —  il suf-
fit  même qu'il y croie — aura, dans sa vie suivante, un
corps physique bien  constitué et un  système  nerveux
dont il pourra contrôler les réactions. En revanche, un
homme,   qui ne tient compte  que  du monde  sensible,
communiquera   cette attitude mentale à son corps phy-
sique et aura, dans son incarnation suivante, un corps
débile, prédisposé aux maladies nerveuses. Il lui man-
quera une  volonté centrale  capable de tenir en bride
les mouvements du  corps. Le matérialiste s'éparpille en
d'infimes détails; l'esprit, embrassant les détails, les
maintient dans son orbite, ear il est l'unité.
  La disposition   aux déficiences nerveuses apparaît,
par un effet  du Karma,   dans l'incarnation suivante,
mais elle se transmet,  par  hérédité, aux générations
futures, de sorte que les fils et les petits-fils expieront
le matérialisme de leurs  ascendants. La nervosité  de
notre époque est la conséquence de l'état d'esprit maté-
rialiste du siècle passé; c'est pourquoi les grands maî-
tres qui guident  l'humanité ont  reconnu la nécessité
d'apporter au  monde,   comme antidote, la science  de
l'esprit.
  En fait, le matérialisme a contaminé la religion elle-
même.  Peut-on nier que ceux qui professent de «croire»
aux  mondes de  l'esprit, sans chercher à les cornpren-

  dre,  ne soient des matérialistes? Et c'est là encore un
  aspect du matérialisme, lorsqu'on aimerait voir le mys-
  tère des 6  jours — cette grandiose évolution  cosmique
  comme    l'a décrit la Genèse — se dérouler devant  nos
  yeux  comme    une  expérience de laboratoire, ou lors-
  qu'on parle  du Christ-Jésus  comme d'une «personnalité
  historique»  tout  en ignorant de plein gré le sens  du
  mystère  de  Golgotha. On peut même  dire  que le maté-
  rialisme dans les sciences naturelles n'est qu'une con-
  séquence du  matérialisme dans le domaine  religieux et
  qu'il n'existerait pas, si la vie religieuse elle-même n'en
  était tout entachée. Ce sont ceux qui, à notre  époque,
  par paresse  ou par indolence, négligent  d'approfondir
  les  questions religieuses qui ont introduit le matéria-
  lisme dans  les sciences. Les troubles nerveux, engendrés
  par le matérialisme, peuvent contaminer la vie de l'in-
  dividu,  comme  ils  peuvent s'attaquer à  des  nations
  entières. Si le courant spirituel n'acquiert pas assez de
  forces pour  tirer de leur  apathie les indolents et les
  paresseux,  la nervosité, cette conséquence  karrnique,
  gagnera  toujours plus  d'influence sur l'humanité, et,
  de  même  qu'au moyen  âge  le monde  a  connu des épi-
  démies   de lèpre, il y aura dans l'avenir,  engendrées
  par la mentalité matérialiste, de graves affections ner-
  veuses,  de véritables épidémies de maladies   mentales
  qui  seront le fléau de nations entières.
    Si  l'on apprécie bien la portée de cette loi karmique,
  on   comprendra, du même    coup, que la science spin-
\xuelle ne devrait  pas être une pure théorie, mais deve-
  nir un remède, une voie de  salut pour l'humanité. Plus
  les  hommes  se pénétreront de la réalité de l'esprit, et
  plus  on éliminera tout ce quia  rapport aux   maladies
  nerveuses et aux maladies de  l'âme.



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