Autonomie & Liberté

Autonomie et Liberté.......

« ......vous voyez que l’on peut emprunter les voies les plus diverses pour ressentir que le Mystère du Golgotha donne un sens à l’histoire sur terre. Mais c’est seulement en atteignant la vision qu’un être suprasensible, le Christ, s’est incarné dans un homme par le Baptême par Jean-Baptiste dans le Jourdain, qu’on est amené à le ressentir pleinement. Les gnostiques y sont parvenus avec leur vision du monde, dernier résidu de l’antique sagesse originelle de l’humanité, vision différente de cette vision du monde à laquelle nous aspirons dans la science spirituelle. On peut dire que cette sagesse originelle instinctive de l’humanité était encore suffisante au cours des premiers siècles chrétiens, après la venue du Christ, pour qu’un certain nombre d’hommes aient encore pu comprendre ce qui s’était véritablement produit avec l’apparition du Christ sur terre. Cette sagesse que possédaient les gnostiques ne peut plus être nôtre. Etant donné que l’humanité doit poursuivre son progrès, il faut que nous atteignions une vision beaucoup plus consciente, moins instinctive, qui englobe aussi le suprasensible. Mais que cela ne nous empêche pas de regarder avec respect les gnostiques, qui avaient encore cette sagesse instinctive des hommes leur permettant de comprendre toute la signification du Mystère du Golgotha.

C’est de la compréhension de toute cette signification du Mystère du Golgotha, et de son phénomène central : le Baptême par Jean-Baptiste dans le Jourdain- que découle l’institution de la première grande fête (celle de l’apparition du Christ, le 6 janvier). Mais il n’est pas moins vrai qu’il était inscrit, dans l’histoire de l’humanité, que la sagesse antique devait s’éteindre. Et c’est au début du 4° siècle de l’ère chrétienne qu’il faut faire remonter la perte de tout rapport avec cette sagesse. Je vous ai présenté hier, sous un autre point de vue, l’obscurcissement progressif de cette sagesse originelle. Ce 4° siècle marque donc, dans un certain sens, la période où l’homme commence à être indépendant, à libérer sa vision de tout ce que ses sens ne peuvent appréhender, de tout ce qui échappe à ce que la raison tire de la perception sensible. L’humanité devait en quelque sorte perdre la sagesse ancienne originelle, elle devait être rejetée dans une vision matérialiste pour conquérir sa liberté ; liberté qu’elle n’aurait jamais conquise, si cette sagesse originelle ne s’était pas obscurcie, car elle serait restée dépendante des choses suprasensibles. Cette vision matérialiste connut ses premières lueurs au 4° siècle de l’ère chrétienne, et elle alla en s’accentuant jusqu’à atteindre son point culminant au 19° siècle.

Ainsi le matérialisme eut il du bon dans l’histoire de l’humanité. Parce que l’âme de l’homme n’était plus illuminée par la lumière suprasensible, parce que l’homme était réduit à voir ce que ses sens lui montraient dans l’environnement, une force indépendante, le poussant à la liberté, s’éveilla en lui. Ainsi le matérialisme apparut-il dans l’histoire de l’humanité, comme un phénomène plein de sagesse. Mais en même temps que le matérialisme se rendait maître de l’être terrestre de l’homme, le Baptême par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain cessait d’être compris comme symbole de l’influence de l’extraterrestre, de l’influence céleste. On perdit alors pour ainsi dire la compréhension du sens de la fête du 6 janvier, de la fête de l’apparition du Christ, et on se réfugia dans autre chose. La sensation, le sentiment profond que l’on avait vis-à-vis du Mystère du Golgotha n’allaient plus au Christ supraterrestre, mais commençaient d’aller au terrestre Jésus de Nazareth.

Et la fête de la venue du Christ devint la fête de la venue de l’enfant Jésus. Seulement, cette évolution a pris un tour tel, qu’elle appelle pour notre vision actuelle du monde de nouvelles nécessités dans les aspirations de l’humanité...... »

« Messages de Noël », Rudolf Steiner.

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