du Christ

Du Christ

Le Christ est la figure centrale dans l’œuvre de Steiner, son anthroposophie étant en fait une christologie. La Terre reçut l’impulsion christique par la mort de Jésus-Christ, et tout essai de description par des mots de cet événement capital – le plus grand qui advint sur Terre – ne peut être qu’un balbutiement. La venue du Christ sur Terre dans le corps de Jésus de Nazareth au moment du baptême du Jourdain  constitue une incarnation, unique pour toute l’évolution terrestre. Le Christ qui n’était perceptible qu’en tant qu’esprit solaire, a dû à un moment donné se montrer aux Hommes dans un aspect physique pour se lier aux forces de la Terre. Et l’Homme est l’être dans lequel devaient vivre les flots de la force solaire, mais vivre exclusivement une seule fois. Ce dernier point est essentiel pour Steiner; outre les nombreuses références à ce sujet dans son œuvre, mentionnons la constitution de la Société Anthroposophique le 28. 12. 1912, concrétisant la rupture du mouvement de l’Europe centrale représenté par Steiner avec la Société Théosophique, par suite de désaccords culminant en la désignation par Annie Besant de l’enfant Krishnamurti comme l’incarnation du Christ. Cette minimisation de la question christique fut même pour Steiner une impossibilité d’existence de la théosophie en occident.
La partie de l’évolution humaine que Steiner qualifie de délivrance de l’impulsion luciférienne – impulsion identifiée par lui à ce que la Bible appelle le péché originel – n’est possible que grâce à la décision prise par le Christ de s’incarner dans un corps humain.  Cette décision du Christ n’était pas nécessaire à sa propre évolution, et fut prise par un acte de libre volonté, acte d’amour.  Cet acte d’amour de la part du Christ était nécessaire pour arracher l’Homme à la matière dans laquelle il a été emprisonné par Lucifer – la tentation du serpent biblique en est une illustration -, pour développer en lui un « moi » libre: c’est donc grâce au Christ que l’Homme pourra un jour acquérir la liberté. Ajoutons que si l’on ne prenait pas en considération ces deux faits positifs pour l’évolution humaine – l’emprisonnement luciférien de l’Homme dans la matière et sa délivrance par le Christ – s’inscrivant dans le courant des diverses incarnations de la Terre contenant dans l’état présent les incarnations humaines limitées dans le temps, et si l’on ne bâtissait que sur le karma, on obtiendrait alors la vision d’un processus d’incarnations illimitées, aussi bien dans le passé que vers l’avenir. Nous avons cité des propos de Steiner au sujet de sa sculpture représentant le Christ entre Lucifer et Ahriman. A un autre endroit, il précise au sujet de cette oeuvre que l’action du Christ sur Lucifer et Ahriman réside en sa présence insoutenable pour ces deux forces: il conviendrait donc davantage de parler d’effet du Christ que de son action. Et Steiner exprime le rôle du Christ dans l’omniprésence luciférienne et ahrimanienne par l’image du bateau-Christ portant l’Homme conscient du Christ, bateau guidé par l’Homme dans le déchainement de l’Océan Ahriman-Lucifer. La présente incarnation de la Terre est désignée du nom de la planète d’amour. Cet amour commença à s’installer par sa forme la plus basse à l’époque de la Lémurie où le genre humain se sépara en deux sexes. Toute l’évolution positive ultérieure réside en un ennoblissement jusqu’à la spiritualisation du principe d’amour. Lorsque la Terre parviendra à son terme, l’amour sera le fondement de tous les êtres: c’est ainsi que l’Homme mûrit en vue de la réception du plus haut degré d’amour, le principe christique, lequel a donné l’impulsion de l’amour entre les Hommes. L’humanité, s’imprégnant du Christ, se spiritualisera de cette façon de plus en plus en l’amour. La libre volonté du Christ de s’incarner et de vivre sur  Terre tout ce qu’il y vécut ne fut pas conditionné par un karma quelconque, et n’engendra pas davantage de karma. Dans cette optique d’absence du karma, les douleurs du Christ acquièrent un tout autre sens que les douleurs humaines, car tout ce que le Christ endura fut librement choisi sans exception, alors que les peines humaines s’inscrivent toujours dans un courant de compensations karmiques. Il en est ainsi de son immense douleur lorsqu’il plongea peu à peu dans les composantes physique et spirituelles de Jésus de Nazareth, vécu précédé avant l’incarnation par la profonde impression éprouvée par Jésus de Nazareth à la vue du groupe possédé par des démons par exemple.
L’action du Christ sur les Hommes ne devient efficace que parce qu’il peut bâtir sur leur karma; bien plus, l’action du Christ n’est concevable que par l’existence de la loi du karma. Steiner caractérise même le Christ par « Maitre du karma », en insistant sur son rôle régulateur des karmas individuels  afin de coordonner les compensations karmiques pour la meilleure évolution générale possible: le rôle du Christ consiste donc à incorporer le karma individuel au karma général de la Terre. Un autre rôle très important concernant le karma humain est encore attribué au Christ. Steiner distingue dans une faute commise par l’individu deux aspects: l’un est subjectif et concerne l’individu qui a rétrogradé dans l’évolution par suite de cet acte, et l’autre concernant l’Univers pour lequel cet acte est une réalité. La compensation karmique ne concerne que l’individu voyant dans l’achèvement de cette compensation l’effacement de sa rétrogradation, mais ne pouvant pas effacer l’existence objective de sa faute qui reste une charge pour l’Univers. Et c’est dans l’effacement de cet aspect objectif des fautes humaines que réside un autre rôle capital du Christ, sans oublier celui de l’aide directe vis à vis des karmas individuels apportés par sa mort sur la croix. Précisons ici que les forces pouvant jeter le trouble dans le karma humain proviennent de Lucifer, alors que celles d’Ahriman déroutent le moi humain en ce qui concerne les impulsions provenant du monde physique.  Abordons maintenant quelques indications relatives à la résurrection du Christ. Le corps physique humain au sens habituel du terme n’est pas un objet exhaustif du corps physique au sens de l’anthroposophie. Steiner décrit le corps physique visible comme étant de la matière répartie sur un canevas spirituel, lequel est donc une sorte de forme-moule pour la matière. Et c’est cette « forme » humaine – invisible car spirituelle – que Steiner désigne du nom de « fantôme » ou « corps de forces », mais n’ayant aucun rapport avec les entités semi-supra-sensibles à caractère populaire désignées habituellement par ce même vocable.
Après la préparation de ce « fantôme » par les hiérarchies spirituelles à travers les diverses incarnations de la Terre, c’est ce « fantôme » que les hiérarchies placèrent d’abord dans l’évolution terrestre: ce fut la première partie – invisible – du corps humain sur Terre. Mais ce « fantôme » fut livré à l’action destructrice des forces lucifériennes  atteignant au moment de la vie du Christ son point culminant. C’est alors qu’advint la mort du Christ: ce qui se leva trois jours plus tard de la tombe fut précisément le « fantôme » de son corps physique. Cela eut pour conséquence la possibilité offerte à tous les Hommes d’incorporer à leur corps soumis à la déchéance luciférienne le « fantôme » ressuscité du Christ. C’est dans ce sens que l’on peut parler d’une lignée spirituelle des corps physiques – les « fantômes » – descendant du « fantôme » du Christ, à l’image de la lignée des corps physiques atteints par Lucifer et descendant d’Adam. Il serait à remarquer qu’au cours de la deuxième incarnation de la Terre, dite du Soleil, le régent suprême en fut le Christ, d’où son nom d’Esprit Solaire. Après le mystère du Golgotha, le Christ s’est à nouveau réuni à la Terre, devenue ainsi son corps. Ce fait dans l’action du Christ se situe à la fin de tout une série d’actions dont nous relèverons les Noces de Cana (premier miracle de l’Evangile selon Jean), faisant partie, d’après Steiner, d’une suite de « miracles » que le Christ avait à accomplir conformément à sa mission, et la fuite du Jeune homme (Marc 14/51,52) que Steiner interprète comme étant l’image de l’impulsion cosmique, du Christ lui-même. Steiner désigne par Kali Yuga l’époque allant de 3100 avant Jésus-Christ à 1899 de notre ère; il la qualifie de sombre, car pendant ce temps les Hommes ont perdu des particularités spirituelles qu’ils peuvent désormais acquérir à nouveau. Il s’agit de l’acquisition naturelle d’une certaine clairvoyance à partir du vingtième siècle par un nombre de plus en plus grand d’individus. Ceux qui se sensibiliseront à la véritable science spirituelle seront dotés d’une aptitude leur permettant de percevoir le monde éthérique, dans lequel ils pourront rencontrer le Christ comme le fit l’Apôtre Paul sur le chemin de Damas. Et c’est sur le plan éthérique qu’une deuxième rencontre avec le Christ sera possible, la première s’étant faite au début de notre ère sur le plan physique où elle fut une rencontre unique. Ce nouveau rapport des Hommes envers le Christ entrainera une prolifération de faux Messies sur le plan physique, qui séduiront ceux qui ne peuvent concevoir qu’un retour sur ce plan. Le retour du Christ sur le plan spirituel appelé monde éthérique, est l’événement majeur de notre siècle, situé par Steiner au cœur de son anthroposophie.

Extrait des éditions Branche Paul de Tarse.

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